LES FEMMES VUES PAR LES RELIGIONS - 20 octobre 2010
Les femmes dans la religion catholique
Par Geneviève Dermenjian, Maîtresse de conférences, Université de Provence
Dans
les quatre Évangiles, rédigés à des fins d’enseignement et non comme
des récits historiques, les femmes occupent une place importante.
Toutefois, les responsabilités ne sont confiées par Jésus qu’aux hommes.
Les femmes disparaissent très vite des textes du Nouveau Testament, si
l’on excepte Paul qui salue des femmes à plusieurs reprises dans ses
épîtres.
Le
christianisme se répand rapidement dans l’empire romain, à commencer
par les couches populaires avant d’atteindre toutes les couches sociales
au IIe siècle de notre ère. Les femmes continuent à jouer un rôle
important, par exemple dans l’accueil et les financements. Mais l’Église
se constitue institutionnellement sans elles.
Aujourd’hui,
les femmes font tout dans l’Église catholique : apostolat, catéchisme,
obsèques, administration mais restent aux portes de l’ordination, qui
reste un fief masculin.
Les femmes dans la religion protestante
Par Hélène Lanusse-Cazalé, Doctorante en Histoire Contemporaine, Université de Pau et des Pays de l’Adour
Du XVIe
siècle à nos jours, les femmes ont joué un rôle primordial dans la
diffusion et conservation d’un protestantisme minoritaire en France. Par
l’éducation, elles transmettent les fondements de cette confession à
leurs enfants. Si dans un premier temps, le ministère leur a été
refusé, elles constituent aujourd’hui une part non négligeable des
effectifs pastoraux. Enfin, les protestantes se sont fortement
investies dans les mouvements féministes, notamment en faveur de
l’avortement que l’Église réformée reconnaît à titre exceptionnel.
Femmes Musulmanes entre les textes et l’interprétation des textes : réalité controversée
Par Roa’a Garaibeh, Doctorante en Sociologie, Université de Bordeaux
Dans
cette communication le but était de montrer comment les femmes
musulmanes sont confrontées à la complexité de leurs conditions ;
premièrement en tant que femmes et deuxièmement en tant que musulmanes.
En effet, les textes religieux de toutes les religions sont
patriarcaux. De plus, les interprétations des textes religieux sont
faites par des hommes, donc, en leur faveur et à l’encontre de
l’intérêt des femmes.
Les femmes dans la religion hindoue
Par France Azema, Sociologue du Genre et des Religions.
En
Inde, certaines époques ont vu les femmes vénérées et usant de leur
créativité au service de la suprême féminité. Longtemps élevée au rang
de déesse, contrepartie féminine, plus puissante que le dieu lui-même,
elles recevaient la même éducation religieuse que les hommes.
Dans
l'inconscient collectif hindou, la femme est fortement liée à la
fécondité et à l'énergie sans borne de la Déesse-Mère, à la combattivité
de Kāli, à la puissance de la Shakti, alors qu'en face,
l'homme est une figure de retrait, de passivité. C'est ainsi que les
partis les plus populistes, les plus traditionnalistes de l'Inde (par
exemple, les nationalistes hindous du BJP) sont les premiers à monter en
épingle la sainteté de la Femme-Déesse et sa légitimité à participer
au combat politique, souvent en se déchaînant férocement. En Inde, ce
qu'on vénère en la femme, c'est sa respectabilité, son honorabilité (sati),
sa pureté absolue d'épouse, de mère, de centre de la famille. Elle ne
peut susciter la confiance et, par conséquent, prétendre à une position
dirigeante, qu'à ce prix. Face à un système familial patriarcal accru,
les femmes vivent au quotidien de véritables luttes. Elles utilisent
les croyances, les superstitions et l’idolâtrie des Hindous afin de
préserver leur pouvoir et restaurer la puissance hors du commun dont
elles jouissaient à l’Age d’Or de l’Inde –la période védique.
Les femmes dans le judaïsme
Par Joëlle Allouche, Psychosociologue, Université Parix XII
Le
judaïsme a un discours et une pratique paradoxales en ce qui concerne
les femmes. Seul grand texte de l'Antiquité à donner en modèles des
femmes, simples femmes du peuple(Ruth, Esther), reines, matriarches
(Sara,Rébecca,Rachel,Tsippora), Juges et guerrières(Deborah, Judith),
qui toutes ont infléchi le destin de leur peuple, le texte biblique
n'est en rien misogyne. La suite des temps et les commentaires
talmudiques d'abord, rabbiniques ensuite ont eux peu à peu exclu, mis de
côté, les femmes juives des centres de décision, sans jamais
toutefois les cloitrer, les voiler, ou les considérer comme
négligeables.